Maud Scelo : « Raconter la science en suscitant de l’émotion »

Maud Scelo est attachée de presse au Conseil européen de la recherche (ERC) à Bruxelles.
Maud Scelo est attachée de presse au Conseil européen de la recherche (ERC) à Bruxelles.

L'Europe finance des recherches de haut niveau, et s'attache aussi à créer des ponts entre les chercheurs et les médias.

 

 

Science et partage : Quelle est votre mission au sein du Conseil européen de la recherche ?

 

Maud Scelo : L’ERC offre des bourses à d’excellents chercheurs, pour des recherches exploratoires. Depuis sa création en 2007, 4500 bourses ont été attribuées à des chercheurs juniors, expérimentés ou seniors. Au sein du département de communication de l’ERC, notre rôle est de donner vie à ces projets et de susciter l’intérêt des médias pour ces recherches. Enfin, il s’agit aussi de montrer que l’argent des citoyens européens est dépensé à bon escient lorsque ces projets aboutissent à des résultats ou des découvertes scientifiques qui peuvent avoir un impact positif sur notre vie quotidienne. Ce travail de communication demande de gros efforts, car la science est parfois mal aimée des médias.

 

S&P : Comment les chercheurs interviennent-ils dans cette communication ?

 

MS : Les chercheurs sont plus enthousiastes que l’on croit à parler de leurs recherches et ils sont conscients de l’importance de la communication à cet égard. Mais la culture des médias est très différente et le facteur “temps” est primordial; le temps de la science, qui est celui de la durée, de la patience, n’est pas le même que celui des médias qui fonctionnent dans l’urgence, voire dans le sensationnel. Notre objectif, c’est d’arriver à réunir ces deux mondes.

 

S&P : Les chercheurs ont-ils besoin d’être formés à la communication ?

 

MS : Oui, il y a un vrai besoin de formation. Inspirons-nous par exemple de ce qui se fait aux Etats-Unis. Là-bas, les universités misent vraiment sur la communication, et fournissent des formations clés-en-main à leurs chercheurs. L’acteur Alan Alda a même créé un centre de communication scientifique, où il propose des formations pour les étudiants, avec des matchs d’improvisation scientifique. Les chercheurs apprennent par exemple à adapter leur discours à leur audience (enfants de 10 ans, personnes âgées, etc.) avec des techniques empruntées à l’improvisation. Résultat : ils arrivent à transformer leur discours en récit et à susciter plus d’enthousiasme pour les sciences.

Il existe heureusement des initiatives de ce type en France, comme Ma thèse en 180 secondes [dont Science et partage avait parlé ici], dont la finale francophone aura lieu à Montréal en septembre, ou ailleurs les conférences TED.

Ce qui compte, au-delà de l’extraordinaire importance de la découverte scientifique, c’est la manière de raconter la science, en faisant passer de l’émotion et des expériences personnelles, plutôt qu’en faisant une conférence académique. La passion pour la science est comme une maladie infectieuse : c’est contagieux !

 

Propos recueillis par Cécile Michaut

 

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